Retour sur la marche (2)

A la demande générale… les savoureux textes associés aux opérations de rebaptème des rues d’Arras, samedi dernier !




 » Bon, rue Glasson, rue du dernier glaçon, c’est un jeu de mot un peu facile, mais ça parle de la banquise, et c’est peut-être plus important qu’on le croit. Quelquefois, vous entendez dire qu’il y a un risque que le climat devienne hors de contrôle, alors que souvent, un gros enjeu, c’est de gagner un dixième de degré, ça a l’air bizarre. Mais des endroits comme la banquise, c’est des accélérateurs de réchauffement. Avant, c’était bien gelé, la banquise restait couverte de neige, et comme la neige c’est blanc, ça renvoyait les rayons du soleil vers l’espace, et ça ne chauffait pas. À cause de nos émissions de gaz à effet de serre, il fait plus chaud, la banquise fond, les rayons du soleil pénètrent dans la mer, ça la réchauffe, ça empêche la banquise de se reformer, c’est un cercle vicieux. Et il y en a quelques autres du même genre dans le même coin. En fait, quand on a mis le petit doigt dans l’engrenage du changement climatique, il y a un risque de se faire arracher tout le bras. C’est ça que disent les climatologues quand ils parlent d’un risque de perte de contrôle. Donc, oui, rue du dernier glaçon, c’est pas vraiment drôle, mais c’est normal, on est ici pour tirer la sonnette d’alarme. « 
«  Place des héros, place des zéro émissions de CO2, c’est-à-dire zéro par an. Pourquoi par an ? Le principe de la présence des humains sur la terre, c’est que si on ne fait pas n’importe quoi, on devrait pouvoir y rester quelques centaines de millions d’années. On ne va quand même pas tout gâcher en quelques dizaines d’années. Ensuite, sans planète, on aurait l’air bêtes. Aujourd’hui, nos émissions de CO2, on a l’impression qu’on veut en faire le maximum dans le minimum de temps. Eh bien, ce qu’il faut faire, c’est exactement l’inverse. Et la responsabilité des pays qui, comme le nôtre, émettent du CO2 depuis près de deux siècles, c’est de descendre à zéro émissions d’ici à 2050. Ça ne sera pas facile, il y aura du boulot, mais on y arrivera ! « 
 » Nous sommes rue de justice, et nous allons la rebaptiser rue de la justice climatique et sociale. Aujourd’hui, la société exprime un immense besoin de justice, et il n’y a pas de raison d’opposer fin du monde et fin du mois. La justice climatique sera plus facile à réaliser si, en même temps, on avance sur la justice sociale. Ça a toujours été notre principe, et on continuera ! « 
Ici, on va se séparer deux minutes. Parce que la marche va continuer tout droit, il y aura la rue de la braderie, il faudra bien qu’on la transforme en rue de la planète bradée. Mais, à droite, il y a la rue aux ours, et il faut bien qu’elle devienne la rue de la banquise fondue. Donc ceux qui veulent aller y mettre la plaque, ils y vont, et pour qu’ils sachent qu’en restant ici on est bien avec eux, on va scander le plus fort possible notre nouveau slogan, à prendre évidemment au second degré : « ours blanc, t’es foutu, la banquise elle a fondu ».
«  Quand on a peu de richesses, et surtout si elles sont uniques, on ne les brade pas. Une atmosphère mélangée à pas trop de gaz à effet de serre, c’est une richesse inestimable. Notre mode de production, de consommation, la dégrade. Quand ces différents gaz sont mélangés, allez les séparer ! Donc, la planète, on ne doit pas la brader, c’est tout. Et brader au profit de qui ? Lors de la dernière manif, il y avait une jolie pancarte : « pour de l’argent, ils vendraient terre et mère ». Nous devons nous y opposer. « 
 » Je ne sais pas pourquoi cette rue s’appelle rue de la gouvernance, en français moderne ça fait hyper-bureaucratique, mais bon, le peuple a le droit de décider selon quels principes il se gouverne lui-même, et pour nous, ce principe, c’est celui de l’écologie populaire. Donc : rue de l’écologie populaire. « 
 » Nous avons eu des présidents de la république qui consultaient des astrologues, est-ce qu’il y en a eu qui avaient un fer à cheval à l’Élysée, je ne sais pas, mais on a bien l’impression qu’ils étaient nombreux à se dire : « bon, sur le climat, je continue à ne rien faire parce que c’est plus facile, et avec un peu de chance j’aurai un successeur qui fera ce qu’il faut et personne ne me reprochera mon inaction. ». Eh bien ça, c’est fini. L’irréversibilité du changement climatique se rapproche à grand pas, c’est vraiment aujourd’hui notre dernière chance, c’est comme ça qu’on va rebaptiser cette rue. On n’a plus de joker, on ne peut plus se permettre de jouer la planète à pile ou face. Un porte-bonheur, ça ne nous servira plus à rien, il faut agir maintenant, c’est pour l’exiger qu’on est là. « 
On s’est arrêtés sur cette petite place sympa, je ne sais pas vous étiez beaucoup à savoir qu’il y a ici l’impasse des 5 plaies, mais c’était une bonne occasion pour mettre 5 plaques d’un coup.

Première plaie, première impasse, les combustibles fossiles. Pétrole, charbon, gaz, fioul, essence, kérosène, gazole. Tous, en brûlant, donnent du CO2 et c’est principalement ça qui réchauffe le climat. Passons rapidement aux énergies renouvelables !
Et on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Ça fait à peu près 150 ans que le chimiste suédois Arrhenius a fait le 1er calcul du réchauffement possible. Il avait trouvé + 4°. Ceux qui veulent exercer des responsabilités importantes pourraient se renseigner. Quand vous en avez un qui prétend savoir que le réchauffement climatique a été inventé par les chinois pour lui faire concurrence, quelle ignorance, quelle honte !
2ème impasse, Donald Trump.
Et tout ça pour quoi ? pour justifier qu’il se retire de l’accord de Paris. Que l’american way of life est insoutenable pour la planète entière, mais qu’il s’en fiche, il s’isole chez lui en construisant des murs ridicules, et puis quoi ? Quand les États-Unis se rendront compte que l’avenir, c’est les technologiques propres, eh bien ils seront moins en avance que s’ils n’avaient pas élu ce président nationaliste.
3ème impasse, le nationalisme.
L’american way of life, symbole d’une société qui ne sait plus pourquoi elle vit et qui ne pense qu’à la consommation. À ce point de gaspillage, la sobriété énergétique, c’est vraiment un gros mot ?
4ème impasse, la croissance à tout prix.
Sommes-nous pessimistes ? il faut un peu l’être pour vraiment prendre conscience du danger. Mais nous sommes des pessimistes actifs. L’action est encore possible, elle est nécessaire, elle a des effets. Qui aurait imaginé des élections européennes avec autant de liste qui insistent sur le climat, même si pour certaines d’entre elles c’est purement électoraliste ? L’action, elle est toujours plus d’actualité.
5ème impasse, la résignation !
 » Vous avez aimé 2003 ? Vous adorerez 2022, 2027, 2030, 2034, 2036, j’en passe et des meilleures. Commencez à vous entraîner, trouvez un gros four industriel, réglez-le à 35 °, 40 ° si vous avez le courage. Rue des fours, rue des prochaines canicules, c’est logique … « 

Merci à Malika et à Denis pour la mise au point de ce parcours et pour les textes

Merci à Jean-Philippe pour ces superbes plaques alternatives

Merci à tout le monde en fait !!!

— Et aussi : NE NOUS REGARDEZ PAS, REJOIGNEZ-NOUS !

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